En préambule je voudrais rendre à Vinzstar l’influence qu’il a eu sur moi pour l’écriture de cet article. En effet j’étais souvent avec lui à ce moment là et j’avoue avoir été influencé par nos discussions stratégies de l’époque et que cet article ressemble à celui qu’il avait écrit à ce moment sur Wam La polémique qui s’en est suivi à Couleur poker a été arrêtée suite à une discussion de vive voix avec Vinz .

(Retrouvez les termes techniques utilisés dans cet article dans notre dico du poker)

Tout d’abord il faut savoir ce que l’on veut et donc pourquoi on fait un Sng !
Le Sng est pour la plupart des joueurs ce qui va permettre de financer les MTT.
Car on ne fait pas fortune en Sng . Mais il y a 30% des joueurs dans les places payées contre 10% en MTT donc il suffit d’être dans les places payées 6 fois sur 10 pour gagner à coup sûr de l’argent. Mais comme on ne gagne pas beaucoup avec les SNG il faut en faire beaucoup pour financer les MTT où la stratégie sera de viser la TF avec des places très bien rémunérées plutôt que d’être simplement ITM ce qui ne rapporte pas grand chose.

Ceci énoncé il reste à poser les bases du Sng :
 10 joueurs (donc peu de variations de stack)
 3 gagnants.

Pour bien comprendre ce qui suit il ne faut pas oublier qu’il n’y a que dix joueurs à la table (donc sept à éliminer !) . Ceci veut dire que les stacks ne vont pas beaucoup variés et que les chips perdus compte plus que les chips gagnés (En effet, doubler son stack ne veut pas dire doubler son potentiel de départ puisqu’on ne gagne au maximum que la moitié des sommes mises en jeu à la fin en ayant ramasser tous les chips.).

C’est pourquoi il ne faut pas prendre de risques inutiles et ne jouer que des mains et situations extrêmement favorables. Alors qu’en cash game on peut jouer des mains marginales, ça ne doit pas être le cas ici ! !

Le calcul est simple prenons un exemple :
 Stacks de départ 1500$
 10 joueurs

Pour être dans les payés et espérer gagner, un tapis d’environ 4500$ (alors qu’il ne restera que 5 ou 6 joueurs ) sera très confortable. Il suffit de doubler deux fois pour avoir cette assurance. Il est donc inutile de risquer des chips pour rien.

D’autre part, à moins d’être sur une table avec des joueurs faibles, si on arrive à glaner quelques chips en étant LAG on va se retrouver avec 1700 ou 1800$. Celui qui joue serré, s’il ne trouve pas les mains ou les flops correspondant aux mains qu’il joue, va se retrouver avec 1300 ou 1200$, soit une différence très minime avec le Lag. En revanche le même Lag s’il tombe sur des mauvais coup ou des vols qui ont foiré il va se retrouver avec 700 ou 800$ c’est à dire déjà dans la zone rouge.

Donc dans les premiers niveaux de blinds il va falloir jouer tight passif ! ! Et le plus important c’est qu’il va falloir convaincre vos adversaires que c’est votre jeu : vous êtes un joueur tight passif

Et çà consiste en quoi Tight passif ?

a) Tight ou « serrure » c’est très simple il ne faut jouer que des grosses mains avec la position
ce qui donne préflop :
 En début de parole : AA, KK, QQ, AKs, AK, AQs. Rien d’autre ! !
 En milieu de parole : AQ, JJ.
 En fin de parole : AJs, AJ et parfois ATs et AT quand vous avez repéré que les blinds ne se défendent pas. C’est tout !
 Pour les PP jusqu’à PPT le limp s’impose quelque soit la position ! Et on ne suit que si on trouve son brelan !
 Pour les relances maxi 3BB (pour ne pas perdre bêtement des jetons en cas de mauvais flop) même si vous êtes beaucoup suivi car les grosses mains que vous allez montrer vont renforcer votre image.
 Et les sur-relances préflop pratiquement jamais !

Rappelez-vous que le but est de se forger une image pas de ramasser des miettes ! ! ! !

b) Autre principe de base : Pas de vol de blinds ou de défense de blinds en dehors des mains précitées et donc pas de bluff

c) Passif c’est quoi
 C’est éviter préflop les relances sauf avec les mains précitées
 C’est aussi d’éviter au flop tout ce qui est bluff, continuation bet sur des joueurs Lag ou des calling stations si vous ne trouvez pas votre flop.
Par exemple : En début de partie vous avez AK au bouton et deux joueurs limpent avant vous ; vous faites une relance à 100$ (3BB +1 BB par limper) qui est suivie par les limpers soit un pot de 330$ ; sur un flop J86 si vous faites une relance de 250$ et qu’un des joueurs va à tapis vous n’avez pas les moyens de payer et vous avez perdu 350$.
 C’est faire des relances raisonnables à 3BB voire 2.5BB par la suite. Si votre image est bonne on vous laissera tranquille avec ces relances.

Alors c’est vrai que vous n’allez pas jouer beaucoup mais le plus important est l’image que vous donnez et pas les chips remportés. De plus vous allez en profiter pour voir à quel type de joueurs vous avez à faire et, en live, essayer de découvrir des tells sur vos adversaires .

Vous y êtes ! Les blinds sont autour de 50/100 ou plus et il reste 5 ou 6 joueurs ; la majorité vous couvre probablement et il reste un ou deux joueurs à 700 ou 800$. Vous avez eu le temps d’observer les autres joueurs et eux vous ont catégorisé comme un gros tight passif. Mais on est passé en short-handed. C’est le moment d’en profiter pour changer de style ! ! !

a) On va desserrer un peu l’étau du tight et on va devenir agressif.
Desserrer l’étau ça veut dire qu’on va jouer plus de main comme AJ, JJ, TT, 99 ou 88, même KQs, KQ, KJs, KJ et AT.
En revanche pour les petites PP ça va dépendre de ce que vous avez noté sur les adversaires :
 s’ils défendent les blinds ou pas
 s’ils respectent vos relances ou pas
 s’il y a déjà des relances

b) côté agressivité il faut attaquer en continuation bet si le flop est favorable et pratiqué le vol de blinds.
Bien sûr ne pas voler systématiquement les blinds mais changez de rythme progressivement.

Certes les joueurs vont s’apercevoir de ce genre de changement mais le temps qu’ils s’en aperçoivent vous aurez accumulés des chips.

A ce niveau du tournoi il est important de savoir où en est votre M. (Grosso modo il s’agit de votre positionnement vis-à-vis du coût d’un tour)
Ex : Blind 100/200 vous avez 2400 soit un M de 8 (en cas d’Ante n’oubliez pas de les inclure dans le coût du tour)

En MTT :
 M > 20 : On a le temps
 M > 10 : Il faut commencer à jouer agressif
 5 > M > 10 : Il faut jouer très agressif pour pouvoir survivre si on vise une TF ou une bonne place payée.
 M < 5 : Mode push quelque soit la position, la main ou la cote.

En SNG c’est différent :
 M > 20 : On a le temps
 M > 10 : On a toujours le temps
 5 > M > 10 : On a encore le temps mais il ne faut pas traîner
 3 > M > 5 : Là il faut jouer serrer agressif.
 3 > M > 1 : Envoyer la boite mais avec une main décente. N’envoyez la boite que quand personne n’a relancé avant vous

La différence s’explique par le nombre de joueurs présents et donc les stacks possibles de vos adversaires :
 dans les MTT vous pouvez voir des joueurs qui ont plus de dix fois votre stack donc qui n’hésiteront pas à payer.
 En SNG, même un tapis de 3 M peut faire peur

Voilà pour la notion de M de Paul Magriel.

De plus le montant des relances aussi doit s’adapter pour perdre le moins possible (en cas de vol relancé à tapis). Un montant de 2.5 voire 2 bb peut suffire à faire folder.

Nous reprenons maintenant à la bulle du tournoi SNG. Il reste 4 joueurs et 3 joueurs seront payés.
Deux cas de figure :

Vous avez un M entre 5 et 10 (ou plus).
On garde la stratégie du 2eme round mais en ne volant que les blinds des joueurs que vous couvrez pour ne pas risquez de sortir à la bulle. Attention au short stack il faut leur envoyer la boîte avec du bon jeu seulement tout en observant sa façon de boîter (avec quelles range de mains !)

Ca veut dire qu’il ne faut payer les tapis qu’avec des grosses mains (pp10+ AT+). Vous pouvez relancer avec toutes les mains Ax, KQ, KJ, les pp mais pas payer avec sauf si vous avez de bonnes raisons (peu cher, le short boîte tout le temps ……..)

Une autre possibilité est l’alliance tacite pour sortir un joueur short stack en payant un tapis avec des poubelles (si vous avez suffisamment de jetons) juste si d’autres joueurs sont susceptibles de payer ou ont déjà payer pour augmenter votre chance de le sortir. Mais attention pas de bluff inutile c’est check check jusqu’au bout (sauf en cas de nuts)

Vous avez un M entre 1et 4
Vous avez le choix entre deux possibilités selon ce que vous avez observé à la table
1/Vous êtes dans une serrurerie,
la clé du succès réside souvent dans le mode Allin à tout va (sauf déjà relancé), ça va vous rapporter souvent les blinds et vous permettre de remonter en chips avant que vos adversaires se décident à payer.
2/ vous êtes chez des LAG ,
Il faut jouer les grosses mains hors de position et attaquer les blinds avec les bonnes mains en position. L’avantage est que si vous êtes payé vous avurez la chance de doubler et de revenir à un stack raisonnable ou voir d’autres joueurs se décimer mais si vous ne rencontrez pas de jeu vous allez mourir sans vous être battu.

La bulle a éclaté. Vous êtes tranquille puisque le but est atteint. A vous de voir votre façon de jouer en fonction des stacks et des joueurs présents

Le maître mot pour moi est agressivité sauf si vous voulez être 2eme.

Ce petit guide n’est pas une méthode garantie pour gagner mais devrait vous permettre de gagner au moins 6 sng sur 10. Pensez à adapter cette méthode à votre propre sensibilité et surtout aux joueurs présents à la table.